octobre      novembre       décembre      janvier      février      mars      mai       juin
 
 
 
 
 
 
                                                      Chère yveline,
  Je t’ai entendue parler de retraite et que nous passions plus de temps ensemble…
Enfin ! Depuis le temps que j’attends ce moment !
Je suis toute seule depuis 40 ans, sauf à de brefs épisodes, ou je suis si heureuse !
Au début de notre histoire tu étais jeune, tu avais  des copains qui venaient et prenaient soin de moi, je vous voyais vous aimer je voyais vos confidences au coin du tas de sable.
 Ton père était celui qui décidait pour moi, vous régliez votre temps en fonction de mon rythme : le temps des baignades c’était en fonction de mes besoins.
Puis j’ai grandi. Devenue adulte j’ai vu les enfants.
 David et Pierrig me perturbaient avec leurs pipis à la culotte leurs cris et leur rivalité. Je leur ait tendu quelques pièges : rappelle toi la chute du petit chien…
Mais il faut croire que ces sales gosses étaient importants. Vous avez continué à me les imposer, persuadés que c’était bon pour eux !
J’en ai vu grandir des enfants !
Vous m’avez « prêtée » et pendant 10 ans et j’en  ai vu venir d’autres…
10 ans de survie où j’avais un peu l’impression de compter pour quelqu’un…
Et à nouveau le néant !!!sans prévenir !
Infidèle, oublieuse que faisais tu pendant ce temps ?
Des voyages, de la randonnée…des prétextes !
Le coût de la vie, les touristes, des prétextes !
Toute seule, j’attendais.
 L’eau de mes larmes m’usait, je fondais. Le temps me laissait des rides, je devenais moche, triste et me laissais aller…
A cause de votre comportement indigne, d’autres s’occupaient de moi, mais en me faisant du mal : Au-dedans, coups de dent, innombrables piqûres qui me dévoraient, pollutions nauséabondes un peu partout…Sans compter sur les agressions extérieures qui bientôt allaient obturer toute possibilité d’ouverture et m’étouffer pour toujours…
Ce n’est pas nos brèves retrouvailles, votre agitation et vos efforts qui allaient régler ce mal qui me rongeait en profondeur : Solitude, abandon et laisser aller…
A chaque fois j’y ai cru …pour me retrouver encore plus seule après votre lâchage.
Heureusement après tant d’années, ta sœur semble avoir compris que j’avais besoin de soins : elle a même payé des gens pour moi et à nouveau je respire !
Vous avez nettoyé ma tête, chassé les intrus qui me blessaient et vous m’avez soulagée de mes guenilles.
C’est là que tu as parlé de retraite et de nouveaux atours !!!
Comme j’aimerai y croire !
Toutes les deux vous avez nettoyé mes entailles…ça fait mal mais enfin il faut souffrir pour être belle !
Votre mère a passé des jours et des jours à me nettoyer les yeux…J’y vois ! Pour vous attendre et vous sourire !
Vous avez rêvé à haute voix, vous m’avez réhabilitée.
Que j’étais heureuse, même si, bien sur, je ne pouvais rien dire, je rajeunissais à vue d’oeil.
Vous avez parlé de retour, et cette fois- ci, j’y crois, même si le prix à payer c’est le retour des enfants avec les beaux jours…
Dis, s’ils viennent, c’est peut être vrai que tu me consacrera plus de temps ?
Tu planteras des lauriers roses, tu mettras de la chaux sur les murs que vous avez dénudés, et vous me protégerez des rats et des cochons.
Viens je t’attends.
                                                                            La maison familiale.
                                                                             Apricciani, Corse
 
 
 
Mon amie,
J’espère que tu accepteras cette familiarité puisque je suis l’ambassadeur d’une longue amitié. Sûrement tu l’auras compris, je suis porteur d’un double message. Je symbolise donc la sincère amitié que te portes ton amie lilloise mais je suis bien plus que ça ! Certes je suis un simple jouet pour enfant au premier abord, je suis un objet naïf, mais n’oublie que derrière cette naïveté, je suis là pour te faire sourire, t‘amuser, et peut-être te faire rêver, qui sait ? Et bien saches que je n’ai pas été déçu car’ lorsque tu m’as libéré du paquet qui m’étouffait, j’ai vu tes lèvres s’étirer, tes dents apparaîtrent, tes yeux se plisser et j’ai compris que tu étais contente. C’est que j’étais un peu angoissé à l’idée de notre rencontre. Et alors, tu m’as fait sauter, j’ai exulté ! Je me suis appliqué pour retomber sur mes pattes, ne réussissant pas toujours, mais tu m’as à chaque fois laissé une nouvelle chance en me remettant sur pieds. Encore mieux, tu m’as montré, j’en suis flatté. D’autres mains se sont posées sur moi, pont actionné la molette pour remonter le mécanisme et m’ont fait bondir et rebondir…je les ai amusé également, un vrai bonheur.
Je suis content de cette double réussite : je suis un bon ambassadeur et j’amuse même les grands. C’était pas gagné d’avance. C’est que je viens de loin, j’ai beaucoup voyagé pour te rejoindre. Je sors d’une boutique lilloise mais avant j’ai été conçu bien loin, au soleil ! Mieux je ne renie pas mes origines : île du soleil, pays du surf et du rugby, ou mes congénères colonisent les vastes plaines.
Le voyage quelqu’il soit n’a pas été inutile. J’ai rempli ma mission et j’espère que tu ne me remiseras pas trop vite.
Bien à toi mon amie !
Vert tendre de l’herbe qui va être coupée par la tondeuse. Cette herbe trop haute qui a envahie le pré mais qui ne sera pas perdue pour tous. Une fois coupée et stockée dans le boîtier de la tondeuse, cet amas de chlorophylle brut va être transformée en boisson vitaminée pour mon potager. A l’arrière de ce boîtier, accroché au réceptacle, une nuée de petits scarabées œuvre pour réduire en purée les brins d’herbe, un à un avec leurs mandibules broyeuses. Derrière ce double rangée d’animaux à carapaces, qui usinent tels de bons ouvriers tôt le matin jusqu’à apparition de la lune, un filtre qui récolte la purée verte. Sur les bords extérieurs du tamis, des battements tels des ailes de coléoptères s’affaissent lourdement pour presser et extraire l’essence de chlorophylle. Leur vitesse croissante au cours de l’opération permet de faire une émulsion qui coule dans un petit récipient.
céline
Vert pour les hommes et jaune pour les femmes… Il se porte sur la tête et tout le monde doit le voir.
Chacun peut créer son propre objet, à condition qu’il respecte les données de base.
 On distribue des boîtiers à tout être humain à partir de sa majorité. A lui de le personnaliser, l’habiller et l’adapter a sa tête.
Quand chacun est prêt, il se rend à l’hôpital pour la lobotomie.
Dans des nuées de brouillard- capturées dans les pays lointains ou des gens respirent encore- on peut s’immerger une dernière fois avant l’intervention.
 Il arrive que ces brouillards aient capté des odeurs ce qui bouleverse ceux qui les respirent : odeurs oubliées, la mer –iode et poisson- ou le tilleul en fleur, parfois le mimosa…
C’est alors qu’on se rappelle que les vieux racontaient des histoires de paysages sous la lune avec les fragrances de la nuit, quant la terre a été labouré ou que les foins ont été coupés….
Après c’est la table d’opération.
Lobotomie et boîtier, l’Homme est enfin libéré de toute contrainte, il n’a plus besoin de respirer !!
Fini le temps perdu,les mesures de pollution qui entraînaient autrefois –horreur –une limitation de vitesse, fini les yogi qui prétendaient apporter la décontraction par la respiration,  finies les odeurs de poubelle, fini le temps des poètes qui voulaient améliorer le parfum des roses !
 
yveline

Cendrier design, élastiques hors d’usage plein de cheveux des filles, kangourou orange années’ 70, qui fait pouêt pouêt, stylos usagés et tas de petits mots doux s’amoncellent sur mon bureau. Mais je ne vois rien de tout ça. Je ne distingue qu’une masse informe, hostile, qui m’empêche de travailler, qui mange mon territoire de femme, me rappelant sans cesse que je suis une mère, une maman, une génitrice. Je ne vois rien de ces tendresses parce que sous ce fatras amoureux, j’ai perdu mes bésicles. Le mètre ruban qui serpente entre mes pieds m’oblige à croire que comme certains, je pourrai, si je le voulais vraiment me faire offrir pour la fête des mères( à défaut d’un galet peint) un cordon salvateur où je suspendrai, O merveille les verres inéluctablement nécessaires à ma vie sociale, signer des chèques, et à ma vie tout court. Je retourne rageusement le  ,tricoté un jour de folie par ma mère et que je ne me résout pas à virer de ma vie. Elles sont là ces trucs qui symbolisent un peu plus chaque jour le temps qui passe, la vue qui baisse, moi qui vieillit. Objets de séduction dans ma jeunesse où je cachais mes yeux en amande aux convoitises masculines, elles ne sont aujourd’hui que le moyen de voir ceux qui ne me regardent plus. Le cache pot en laine est pudiquement remis sur mes prothèses et mes petites douleurs. J’éteins la lumière il fait jour dehors.
 
pascale
 
 
Les objets insolites. Le regard de l’artiste…
 
Le mètre –ruban
C’est un objet qui est » un tout dans le tout » avec sa forme ronde et son ombilic central, coeur du monde.
Sa couleur blanche est un tout, réunion de toutes les couleurs.
Comme une boite de cachou il roule sur lui-même. Il ne crachera pas de petits cubes noirs parfumés.
Non cet objet rond, essence de mon art créateur n’a aucune utilité si ce n’est l’expression de l’Art.
Si vous croyez mesurer quelque chose avec la lanière enroulée à l’intérieur ce ne sera que la profondeur de votre bêtise…
.
Le kangourou sauteur
Matériau composite, mélange rare de matières, longtemps travaillés dans mon laboratoire, je vous envoie ce petit objet pour le salon des artisans de 2017 de Toulouse.
Je pense qu’il a sa place dans ce salon car il est destiné à être porté en broche.
Sa couleur précieuse, la représentation animale et sa grande valeur en font l’objet à porter sur une veste.
La dimension vraiment innovatrice de mon art est le petit mécanisme caché à l’intérieur. Sur une simple pression, le porteur de cet objet effectue une pirouette arrière impeccable. Imaginez ses effets dans le métro, en entretien d’embauche, lors de rendez vous médicaux ou même lors des élections !

L’amande
Voici un objet vulgaire, qui fréquente votre cuisine : Il est brun, un peu rugueux et parcouru de petites stries.
Grâce au land art cet objet quotidien va devenir étrange :
Apres émondage voici une perle blanche, pointue et lisse. J’en ai préparé une cinquantaine.
Rangées en file indienne de chaque coté de cette branche de bois flotté, voici la gueule d’un monstre marin, hérissée de redoutables crocs.
L’algue rouge au sol figure le sang de la victime qui a été dévorée.
L’œil globuleux du monstre est une coquille d’oursin ramassée sur la grève, que le ressac a débarrassé de ses aiguilles.

Le cendrier design
Musée d’art moderne ; Tokyo.
Rondelle d’aluminium, percée de 3 trous ronds et un e fenêtre triangulaire.
L’objet tourne autour d’un axe central. La rotation, si elle s’accélère, rend invisibles les signes cabalistiques gravés, puis les ouvertures situées sur le bord externe du disque semblent être un trait unique.
L’artiste a ainsi probablement voulu signifier la futilité de la recherche artistique.
Le cache pot
Mamie Berthe a une âme d’artiste. Longtemps elle a ignoré ses propres talents, puis une émission de télé sur le Guatemala a été une révélation.
Elle a abandonné les roses layette et les verts pales.
Pour son arrière petite nièce qui vit aux « Amériques » elle a crée de toute pièce cette jupette à rayures, en associant des couleurs flachies: rose, jaune, rouge et orange.
 Cela leur plaira dans ce pays moderne.
Une large bande de cotes 2/2, lui donne un air encore plus olé- olé.
Elle va d’ailleurs tout noter : Peut être que « modes et travaux » la remarquera et lui demandera le modèle !

Les lunettes
Ceci n’est pas une pipe
Ceci n’est pas une paire de lunettes
Je suis Magritte, par l’incongruité de ce titre, avec  ce tableau une dimension surréaliste et mystérieuse entre dans votre quotidien. 
 
yveline
 
De forme conique, multicolore, cet objet en laine appelé col cheminée a un avenir très prometteur. Il a été conçu dans la perspective du grand retour des cheminées dans les foyers, lorsque la pénurie de pétrole et d’énergie électrique touchera nos régions. Il permet par sa texture souple d’épouser parfaitement l’ergonomie des poteries de cheminées. Il protége du vent, évite les déperdition de chaleur et ainsi permet de garder celle-ci à l’intérieur de la maison.
 
 
L’instrument est constitué de deux parties majeures. Deux fines poignées retractibles donc souples et de bonne tenue et deux plateaux transparents en vis à vis, parfaitement symétriques. Ce dernier point est très important. Les plateaux vers le bas et les poignées vers le haut, on place un objet de petite taille sur la première vitre et son duplicata apparaît sur la deuxième vitre. Ce reproducteur d’objet n’est pas constructible en grand format et reproduit donc que de petits objets. Il a l’avantage d’être transportable partout dans la poche, dans le sac à main.
 
 
Puisqu’il n’est plus autorisé de punir les enfants et encore moins de leur infliger une correction physique, je vous propose un objet qui permet de mesurer votre niveau de tension nerveuse face aux bambins. Le ruban est déroulé en premier lieu, il s’enroule progressivement par pression du doigt à chaque tension ressentie. Dès que le clic final se fait entendre- signe de la fin du ruban enroulé dans le mesureur-  signe de tension extrême, nous vous invitons à vous éloigner de la pièce ou se trouve les enfants.
 
 
Sa forme parfaitement aérodynamique et sa tenue dans la paume de la main sont les caractéristiques d ‘une nouvelle génération de freesbee. La texture en aluminium lui offre une légèreté extrême si bien qu’il peut parcourir de très longues distances, en planant en l’air. A vous le soin d’essayer le freesbee du futur, discipline de demain aux Jeux Olympiques.
 
céline