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Bric-à-brac de légende
Un 15 décembre, dans une petite rue du centre ville. Il
neigeote. On entend des grelots et des chants de Noël. Devant une vitrine
illuminée, un homme interpelle les chalands.
– Joyeux Noël mesdames messieurs, ne restez pas dans le froid,
entrez dans ma boutique fabuleuse, venez venez, vous trouverez ici les cadeaux
dont vous rêvez, pour vous-même ou pour vos êtres chers, bienvenue à vous
!
Je vous propose par exemple, pour un prix tout à fait modique, une
chaussure de vair ayant appartenu à Cendrillon. Je l’ai trouvé dans le petit
bois derrière chez moi, où je me demandais ce qu’il y a. C’est une très jolie
chaussure, qu’elle perdit comme d’habitude, l’écervelée, et qu’elle n’a jamais
retrouvée. Quel dommage pour la chère enfant, mais quel chance pour vous !
Tant pis pour elle, tant mieux pour vous. Juste un détail : c’est du
quarante-quatre. Parfait pour une grande femme ! Ou petite, pourquoi pas,
la pauvrette. Et unijambiste. Bon. Mais il faut de tout pour faire un monde
merveilleux ! Entrez donc madame. Si vous avez le pied plus finement
sculpté ou bien qui gonfle, j’ai ce qu’il vous faut : les bottes de sept
lieux s’adaptent à votre taille ! Je les ai échangées avec Petit Poucet
contre une boussole (une magique, qui indique toujours le sud).
Pardon monsieur ? Il est reparti, oui. Par là. Mais de rien. Ces bottes,
chère madame, je vous les cède, à un prix défiant toute concurrence, pour vous
permettre de fêter dignement Noël. Elles vous emmèneront très vite partout où le
souhaitez. Sauf au septième ciel, ah aha. A ce propos, j’ai ce qu’il faut aussi pour
votre mari !
Absolument monsieur, entrez vous aussi. Vous allez pouvoir
essayer la barbe bleue de Barbe Bleue. Oui, une tragédie : il s’est laissé
acheter comme mannequin par une grande marque de rasoirs, rendez-vous compte du
destin terrible de cet homme-là. Il n’y a plus de héros. En revanche il y a vous
monsieur ! Et grâce au ciel, il se trouve que j’ai mes entrées chez son
barbier : la belle toison n’attend plus que vous ! Voyons… Voici un
miroir… Mais, mon cher, elle vous donne l’air viril et terrifiant qui
émoustillera votre épouse, à n’en pas douter. Comment ? Ah non, monsieur,
c’est un tout, je ne puis vous vendre au poil, pas de détail. Quoi dit ?
Non plus, je ne l’ai pas en vert, hélas… Vous êtes exigeant, vous. Mais, c’est
une qualité. J’ai peut-être un article intéressant dans votre genre. Prenez
cette clé et allez donc faire un tour dans la petite pièce, là-bas, tout au
fond. Vous m’en direz des nouvelles.
Entrez mesdames et messieurs, joyeux
Noël, venez visiter mon échoppe extraordinaire et compléter vos emplettes du
réveillon. Goûtez à la fameuse soupe à la citrouille de Cendrillon. Elle la fait
elle-même dans le chaudron des trois petits cochons. Effectivement, oui, elle
fait ici la cuisine et le ménage depuis qu’elle a de nouveau perdu sa godasse,
la conn…, la grogn…, la brave enfant. Vous pourrez également vous délecter en
dégustant la galette au beurre de Maman Chaperon Rouge, délaissée en faveur de
la viande fraîche. Que je ne propose pas au menu, que voulez-vous, il faut se
faire une raison, les temps changent. Mais consultez la carte, il y a un grand
choix tout de même. Si, en revanche, vous préférez du bébé phoque ou du caviar,
voire une feijoada brasileira de légende, optez pour la solution indépendante et
autonome en vous servant dans ce pot de baguette magique ou sur cette étagère de
lampe à génie, vous comblerez votre gourmandise. Trois vœux par unité, pour le
prix indiqué, rechargeable lorsque le crédit est épuisé, il suffit de
repasser. Non, cette pomme n’est pas au rayon
restauration. Par ici, c’est la parapharmacie. En effet, si vous ou l’un de vos
proches souffrez d’insomnie, c’est le remède souverain pour trouver le sommeil.
Tellement efficace qu’une seule bouchée a suffit pour envoyer Blanche-Neige dans
les vappes. Voyez, il en reste plein. Les Sept Nains ne font pas de compost et
j’ai la clé de leur local à poubelle. Si vous n’aimez pas la pomme et ne
craignez pas les piqûres, cette quenouille vous emmènera tout aussi bien au
merveilleux pays des songes.
Et
ce n’est pas tout messieurs dames, j’ai encore mieux pour vous faire passer de
belles fêtes. Je vous propose dans dix minutes, une vente aux enchères
concernant l’intégralité du mobilier de Boucle d’Or : des écuelles, des
chaises et des lits de toutes tailles. Pour chaque lot vendu, j’offre en cadeau,
parce que c’est Noël, pour vous monsieur pour vous madame, non pas un, ni deux,
mais trois miroirs magiques venant d’horizons aussi différents que le château de
la Belle et du Beau, le palais de Blanche-Neige ou autres manoirs enchantés, je
ne vous dirais pas toutes les provenances, pour des raisons d’exclusivité :
il faut bien vivre. De nombreux corps de métiers trouveront chez moi leur
bonheur : les maçons trouverons des matériaux (béton, bois, paille), les
meuniers trouverons des moulins et des champs… Entrez donc visiter tout
cela ! Bienvenue et joyeux Noël, prenez la peine
d’entrer ! Vous trouverez aussi tout le nécessaire pour vous
habiller : robes, bonnets, chaussures…
Mais je me tais, voyez plutôt par
vous-même. Allez madame, je vous accompagne à l’intérieur. Tenez, par exemple,
le lit de la Belle au Bois Dormant, n’est-il pas merveilleux ? Testons
comme il est confortable. Vous a-t’on déjà dit que vous sentiez très bon ?
Et ne trouvez-vous pas que j’ai de belles dents ?
manu
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BOUCLE D’OR…TOUT EST SEPARE
« Boucles d’or » traduction pour les non-
anglophones de « Sun curls », est un petit village de l’extrême nord
américain dont le nom est lié une légende très curieuse. C’est cette histoire
qui va vous être contée.
Il était une fois, perdue dans la nuit des temps, une
tribu indienne qui tirait sa fierté non seulement de ses guerriers vaillants, de
ses femmes ne rechignant pas à la peine et de ses enfants robustes mais surtout
de leur chevelure noire de corbeau qui, disaient –ils, symbolisaient les
puissances de la nuit leur permettant de se déplacer et d’attaquer leurs ennemis
en toute impunité, ce qui est, vous en conviendrez, un avantage pour un peuple
essentiellement guerrier. Malheureusement à force de combattre et donc
d’exterminer les tribus voisines, les « grands guerriers de la nuit »
-ainsi se nommaient- ils - n’eurent plus rien à se mettre sous la dent.
Comment alors continuer à se revendiquer de la noirceur de
l’obscurité quand celle-ci n’amène que le vide de l’errance sur une terre
désertée par votre garde -manger. C’est ainsi que les hommes et les femmes aux
cheveux noirs périclitaient ne sachant faire autre chose que de se nourrir de
leurs compatriotes. Personne ne soupçonnait qu’on puisse cultiver la terre et
élever des troupeaux, la mort des uns entrainaient inéluctablement la défaite
des autres. C’est sur ses considérations métaphysiques que les sages se
retrouvèrent, afin de trouver des solutions à leurs malheurs. Au même
moment, pendant que les mecs s’engueulaient sous une lune sibylline, une femme
se mit à vociférer en expulsant de sa matrice un nourrisson femelle. Elle ne
hurlait pas des douleurs de l’enfantement, non, le marmot qui sortait de ses
entrailles, à la place des beaux cheveux noir corbeaux inhérents à ses
congénères, était coiffé de boucles ressemblant à un champ de blé un jour
d’orage, à une rivière d’or en fusion, à un soleil à son zénith. Les hommes
bravant tous les interdits- Un guerrier digne de ce nom n’a rien à faire au
milieu d’un accouchement - accoururent à ce cri inhumain et constatèrent
l’ampleur de la catastrophe. Les pater familias repartirent sur le lieu de leur
palabre afin de discuter de l’évènement. Deux positions s’affrontaient, tous
s’accordaient sur le fait que cette naissance était un signe, mais si certains
voyaient là une porte de sortie à leur problèmes, d’autres y lisaient l’abandon
définitif des dieux à leur triste sort.
Fallait-il sacrifier la petiote ou non ? La faction
éclairée eut gain de cause et on décida que le hasard dans les contes n’existant
pas, il serait judicieux d’écouter les présages. Puisque la chevelure noire
évoquait la nuit, il paraissait assez évident que la blondeur exotique de la
morveuse ne pouvait que symboliser la course du soleil de son lever,
derrière les montagnes, à son coucher au-delà de la grande forêt. Ainsi fut fait
et on décida que le rythme de la tribu serait proprement inversé, on profiterait
du soleil, on bêcherait la terre, on élèverait la victuaille et le reste du
temps on dormirait comme tout bon chrétien qui se respecte. Boucle d’or, puisque
c’était elle, fut priée d’entretenir avec soin son petit patrimoine. On peut
dire que ce fut une réussite, Boucle d’or grandissant, la tribu prospérait. Nul
doute que l’enfant et sa tignasse était bien à l’origine de ce retournement de
situation. Mais la blondinette devint femme, procréa, puis d’adulte, fit comme
tout le monde et s’étiola doucement. Miraculeusement les cheveux de Boucle d’or
ne déclinaient pas dans leur magnificence. Quand celle-ci mourut, les hommes se
réunirent à nouveau pour décider de la marche à suivre. On ne pouvait se priver
de ce trésor qui les avait sortis de la mouise. La discussion cette fois fut
rapide : on scalperait Boucle d’or. Ainsi fut fait, on enterra le corps
et on confectionna une magnifique perruque que porteraient les générations
suivantes. La légende raconte, que la tribu grâce à ce stratagème, connut
l’opulence, des siècles après la disparition de la première Boucle d’or.
Dans le petit village de Sun Curls, vit une famille
puissante. On dit qu’elle descendrait des indiens qui habitèrent autrefois
sur ces terres. On dit aussi qu’elle détiendrait sa richesse et son pouvoir,
d’un rayon de soleil enfermé dans un coffre. Nul n’a jamais pu vérifier la
véracité des bruits qui courent, mais légende ou réalité qui pourrait dire
« tout est séparé ».
Pascale Mansour
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Le carrosse du marquis de Saragosse
Les plans de carrossier ont été retrouvés l’année passée dans
une vente aux enchères près de Châteauroux. L’entreprise Citronault, spécialisée
dans la fabrication de véhicule propre, en a fait l’acquisition pour un montant
à ce jour non communiqué. Cet événement fortement médiatisé sur le moment est
resté sans suite… jusqu’à la semaine dernière ou le constructeur a annoncé la
sortie sur le marché du Carrouille ! Le carrosse a été présenté au salon
des nouvelles technologies de transport de l’an 2052, parmi d’autre objet tel
que les bottes de 7 lieux, ou la chaussure de verre. Sa capacité de
transport (jusqu’à 7 personnes) et l’absence d’effort pour l’usager ont permis à
ce prototype de se démarquer des autres. Mode de transport écologique, fabriqué
à base de matériaux recyclés et fonctionnant grâce à la force animale (le cheval
est conseillé), il a remporté le prix « développement durable ».
Au modèle de base, en option, est proposé un coffre pouvant
transporter écuelle, chaudron, miroir et rouet, pour les longs voyages. Ce
coffre à la fois ergonomique et spacieux, compartimenté pour les denrées
alimentaires (galette, pot de beurre, pomme et soupe), s’accroche à l’arrière du
véhicule, ne réduisant en rien la place dédiée au transport de personnes.
Enfin, et toujours en option, l’habitacle peut être aménagé
en version « couchette », avec transformation d’es banquettes en lits
de différentes taille. Cette manipulation ne requiert pas d’outils spécifiques
tant l’usage des modules est aisé. Le montage s’effectue en un coup de baguette
magique. Vous pouvez dès aujourd’hui admirer et essayer le Carrouille au
salon des nouvelles technologies de transport et ce jusqu’à la fin du mois de
juin.
céline B
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Le petit chaperon rouge
Que c’était facile de crier au loup pour expliquer la
disparition de la mère-grand !!! Que n’a-t-on pas attribué comme
méfaits à cet animal, qui pour se nourrir va s’en prendre aux humains et qui
plus est aux faibles, donc aux enfants et aux vieux. Balivernes, le loup ne s’en
prend pas à la l’homme.
J’en ai pour preuve l’histoire du petit chaperon
rouge : lorsqu’il est revenu ce beau dimanche, dépenaillé, essoufflé par sa
fuite effrénée des griffes du loup, qu’il a alors entamé son récit, à aucun
moment les esprits lucides ne se sont éveillés pour se rendre compte de
l’absurdité de l’histoire. Il n’est pas besoin de vous rappeler l’histoire du
petit chaperon rouge, attachons nous à révéler la vérité. En effet, c’était sans
compter sur la présence du benêt du village qui passant à proximité de la maison
de la vieille femme a été témoin d’un tout autre dénouement. Tout d’abord, il
entendit le petite chaperon rouge vociférer contre sa grand-mère toutes sortes
d’atrocités : tu as de grands pieds, tu as de grandes dents et tatati et
tatata…Jusqu’ici l’histoire se vérifie en partie. Mais le benêt, surpris de ce
qu’il entendait, s’approcha de la maison, regarda par la fenêtre et vit la
vieille femme se ratatiner au fond de son lit à chaque attaque verbale de sa
petite fille. Sous le coup des mots haineux, la mère-grand fut
soudainement victime d’une crise cardiaque et ferma les yeux à tout jamais.
Sitôt la vieille succombait, et plutôt que de tenter de la secourir, le petit
chaperon rouge poussa sa victime à terre pour fouiller le drap de laine,
éventrer le matelas et en sortir le magot chaudement caché. Vous l’aurez
remarqué, l’histoire prend une autre tournure…
Le benêt, dans un premier temps tétanisé par la scène,
réussit à se ressaisir, prit ses jambes à son cou pour s’éloigner le plus vite
possible de ces abominables visions. Deux heures plus tard, voyant la petite
fille revenir au village, raconter SON atroce histoire, il eu la confirmation
que derrière le petit chaperon rouge se cache une petite fille cupide doublé
d’une meurtrière. Il regardait les villageois boirent les paroles du petit
chaperon rouge et particulièrement l’épisode décrivant
« l’ingéniosité » du loup pour se faire passer pour sa grand-mère.
L’absurdité de cette version était frappante : elle ne pouvait qu’être
sortie tout droit de l’imagination d’une enfant. Alors que le benêt aurait aimé
rétablir la vérité, il compris que sa parole ne serait pas écoutée ! Quel
crédit lui aurait-on donné, à lui, le benêt ?! N’ayant d’autre choix que de
se taire de son vivant, il décida d’écrire et cacher la véritable histoire du
petit chaperon rouge souhaitant secrètement qu’elle soit révélée, un jour
peut-être. Cette vérace et féroce version a été colportée de génération en
génération chez les benêts par transmission orale, mais n’a jamais été raconté
publiquement préférant ainsi préserver l’innocence enfantine et dans le même
temps entretenir la peur du loup.
Celine B
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Suite de conte
– Bonjour, s’il vous plaît, pourriez-vous me dire où nous
sommes ? – Ici c’est la station Jean Jaurès. – Comment ? Où
donc ? – Station Jean Jaurès. Sur la ligne A. Sur la ligne B aussi,
maintenant. Ça dépend de votre destination. Z’allez où ? – Et bien… Je
ne sais pas… Je… – … Ah. C’est pas gagné. Vous arrivez de l’extérieur ou de
l’intérieur ? Z’êtes arrivée en métro ? – Comment ? – D’où
venez-vous ? De là… par cette porte… J’ai marché longtemps… Des
couloirs, des escaliers… – Bon, ça va sûrement vous revenir. Moi je prends ce
métro, au revoir. Bonne chance, m’dame.
Dans un bruit d’enfer, une pièce mobile avec des personnes
dedans vint s’immobiliser devant elle. De frayeur, elle faillit s’évanouir. Mais
personne ne semblait s’inquiéter. La boule énorme dans sa gorge continuait de
monter. Son estomac vide se nouait peu à peu.
– Dites, je vous prie, savez-vous où nous sommes ? –
Bien sûr ! A Jean Jaurès. – … Mais je connais pas… Vous avez un plan
juste ici. Vous avez une belle robe. Au revoir ma petite !
Un plan, cela ? Deux lignes avec des points, des noms
inconnus. L’angoisse faisait battre son cœur follement.
– Pardon, dites-moi, où sommes-nous ? – Station Jean
Jaurès. Vous allez à un bal masqué ? – Un bal ? Non… S’il vous
plaît, auriez-vous vu un château par ici ? – Un château ? Non… ça
n’a vraiment pas l’air d’être votre jour, à vous. Allez demander à ce préposé,
il pourra certainement vous aider.
Elle remercia puis se dirigea vers un homme coiffé d’un
casquette. Elle s’approcha en cherchant ses mots. Elle sentait des larmes lui
monter au yeux. Le bruit, la foule, la lumière de cet endroit étrange la
tétanisaient. Elle se sentait fondamentalement perdue. Elle prit une inspiration
profonde et trouva la force de répéter sa question.
– Monsieur ? Bonjour… On m’a dit que vous pourriez m’aider.
S’il vous plaît, où sommes-nous ? – A Jean Jaurès. C’est écrit là. –
Mais… Pourriez-vous m’expliquer quel est cet endroit ? – Bé, c’est le
métro ! On est dans la station qui s’appelle Jean Jaurès. Où
allez-vous ? – Je ne sais pas… – Mais, vous avez un titre de
transport ? – Mon titre ? Et bien, je suis princesse… – Ah
d’accord. C’est une farce ? Où c’est pour la télé ? Station Jean
Jaurès. Métro de Toulouse, Haute-Garonne France Europe, Terre système solaire,
quelque part. Samedi 15 décembre 2007, onze heures quarante, pistes de ski moins
six jours et gamelle moins vingt. Elle ne comprenait, littéralement, rien. Un
vide immense la submergea. Elle fondit en longs sanglots, incapable de se
retenir plus longtemps. – Hé, tout doux ma p’tite dame, faut pas vous mettre
dans cet état, calmez-vous… Vous êtes un peu perdue ? Vous avez
oublié ? Qu’est ce qui peut rendre aussi triste une jolie femme comme
vous ? Vous savez que vous avez une très jolie robe ? Allez, prenez un
mouchoir. Alors, vous ne savez pas où vous allez ? C’est vrai que c’est mal
vu à notre époque, c’est pas la mode. Je plaisante. C’est un mouchoir,
dépliez-le ! Bon, dites-moi d’où vous venez. – J’étais dans une petite
pièce… Un cachot, un tombeau, dont j’ai pu sortir en brisant une chaîne.
Tellement rouillée qu’elle devait être très, très vieille. Et puis j’ai marché,
marché dans des couloirs et un long, très long escalier. – Mmmmoui… Ecoutez,
je vais appeler des gens qui devraient vous aider, entendu ? Vous pouvez
m’attendre ici, je reviens vite. Comment vous appelez-vous ? – Mon nom…
On… On m’appelait La Belle…
La Belle venait de se réveiller. Le sort était enfin
levé. Son Bois Dormant n’existait plus désormais, son château non
plus. Son Prince Charmant était mort depuis des siècles. Il avait vécu
heureux, longtemps, marié à la meilleure amie de La Belle, qui avait pris sa
place.
manu
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